Etudes rabelaisiennes
-
-
L’Herméneutique de la satire rabelaisienne examine l’évolution que subissent les quatre livres authentiques des Chroniques pantagruélines à l’aune des critères d’hybridité et de mélange littéraire qui identifient celles-ci comme des variantes du méta-genre de la satire. Il semble bien que la varietas de la satire à la Renaissance, amalgame de sources antiques, médiévales et contemporaines, fournisse une contribution fondamentale à la question de l’intention et de la signification du texte rabelaisien, laquelle occupe et divise la critique depuis longtemps. En particulier, il apparaît que c’est la farce, satire populaire et univoque, qui régit les deux premiers livres, alors qu’une satire subtile et polysémique prédomine dans les Tiers et Quart Livres. En somme, Bernd Renner pose que l’écrit satirique illustre le phénomène de la digestion et de l’«imitation créatrice» de modèles littéraires qui, précisément, distinguent le texte de la Renaissance.
-
-
Sophie ARNAUD-SEIGLE,
B.C. BOWEN,
Michel CASSAN,
Jean CÉARD,
Richard COOPER,
Marie-Luce DEMONET,
C. ESCARMANT,
Stéphan GEONGET,
J. HIERNARD,
Mireille HUCHON,
L. JAGUENEAU,
Jelle KOOPMANS,
Claude LA CHARITÉ,
J.-L. LE QUELLEC,
Myriam MARRACHE-GOURAUD,
Trevor PEACH,
Gaspare POLIZZI,
M. RENAUD,
François RIGOLOT,
Titia J. SCHUURS-JANSSEN,
Paul J. SMITH,
D. VEILLON,
Véronique ZAERCHER
Sommaire / Table of contents: Avant-propos: M.-L. DEMONET, "L'effet de terroir"; R. COOPER, "L'Histoire en fête"; G. POLIZZI, "Rabelais, Thenaud, l'île de la Dive et le Quint Livre"; M. MARRACHE-GOURAUD, "Lanternes poitevines;" C. ESCARMANT et J.-L. LE QUELLEC, "La chasse au Bitard des étudiants poitevins"; M. HUCHON, "Rabelais, Bouchet et la Nef des Folz"; S. GEONGET, "Panurge et Xenomanes, Rabelais et Bouchet"; F. RIGOLOT, "Le Labyrinthe du songe-mensonge"; C. LA CHARITE, "De Architectura Orbis et De l'excellence et immortalité de l'ame d'Amaury Bouchard"; R. GORRIS CAMOS "Va, lettre, va (...) droict à Clément"; B. C. BOWEN, "Rabelais, Claude Cotereau et la tranquillité de l'esprit"; P. J. SMITH et T. J. SCHUURS-JANSSEN, "Plus feal que ne fut Damis a Appoloneus"; D. VEILLON, "Le De legibus connubialibus d'André Tiraqueau"; J. CEARD, Rabelais, "Tiraqueau et Manardo"; J. HIERNARD, "Les Germani à l'Université de Poitiers au temps de Rabelais"; M. CASSAN, "Le panthéon des plumes illustres du Poitou"; L. JAGUENEAU, "Polymorphisme et variation lexicale chez Rabelais"; J. KOOPMANS, "Rabelais et l'esprit de la farce"; T. PEACH, T"rois lustres d'édition poitevine"; V. ZAERCHER, "L'écriture à "diverses mains"; S. ARNAUD, "Peut-on attribuer à Jacques Peletier du Mans la paternité des Discours non plus mélancoliques que divers?"; M.-L. Demonet, "Rabelaiseries"; M. RENAUD, "En Poitou, c'est-à-dire nulle part...".
-
-
Panurge, le moins estimé des personnages rabelaisiens, est souvent traité comme le faire-valoir du géant Pantagruel. Rabelais le convoque cependant si fréquemment et sous des traits suffisamment variés et essentiels à l’intrigue pour qu’il paraisse réducteur de ne voir en Panurge qu’un actant de second ordre. Elément complexe de la trame romanesque, Panurge étonne tout d’abord par son éloquence atypique, dont Myriam Marrache-Gouraud dégage les particularités en les jaugeant à celles des autres personnages. Son discours, où s’agrègent des langues diverses, des pièces poétiques, des pastiches et des mélanges déconcertants, résiste à la définition. Le boniment éclectique de Panurge est alors tout proche de la narration. Le discours de Panurge provoque d’une autre manière encore lorsqu’il décode des signes, notamment linguistiques. Ses audaces interprétatives témoignent d’une habileté autant que d’une méthode inédites. La singularité du personnage tient à cette insolence herméneutique qui multiplie les gloses : elle s’engage toujours " au rebours " des attentes et des convenances sémiotiques dont elle ne peut se satisfaire. L’excentricité se mesure enfin aux agissements de ce personnage paradoxal : apparentés aux fourberies du gueux littéraire et aux façons du fou de cour, ils surprennent et empêchent la classification. A ce titre, ils confirment le ton du discours. Leur fonction avive celle de la parole : " excuse " de Rabelais, Panurge endosse le rôle essentiel qui offre à son auteur d’esquiver les attaques de la censure. Toujours innocente, et pourtant très corrosive, cette voix de fiction introduit dans le roman l’office rempli par la carte du Mat dans le jeu de tarot.
-
-
François Rigolot: La santé des monstres: tératologie et thérapeutique dans le Quart Livre de Rabelais, 7.
William Kemp: Lesperon de discipline d’Antoine Du Saix (1532) et l’imprimeur de Pantagruel, Claude Nourry dit "le Prince", 23. Gérard Milhe Poutingon: Rabelais, Erasme et le pourceau, 39.Christophe Clavel: Rabelais et la créativité néologique. Quelques remarques sur l’absurdité d’un monstre linguistique, 59. C. Seutin: Notes sur les enchaînements dans l’œuvre de François Rabelais, 87. Philippe Walter: "Ce dixseptiesme jour du moys de mars" (Rabelais, Pantagruel, VIII), 103. Benoît de Cornulier, Rabelais grand rhétoriqueur. L’enchaînement dans l’Inscription mise sus la grande porte de Thélème (1534), 111. Louis-Georges Tin: Qu’est-ce que le Pantagruelion?, 125. François Cornilliat: On Sound Effects in Rabelais (Part I), 137.
-
Paru plus de dix ans après Gargantua, le Tiers Livre de Rabelais marque l’abandon de la forme de la chronique et donne la prééminence aux discours des personnages. La référence à Lucien, dès le Prologue, fait également apparaître l’adhésion accordée à un modèle qui n’hésite pas à mêler débat philosophique et comédie. Or, jusqu’à présent, le Tiers Livre est resté à l’écart des études stylistiques consacrées au genre du dialogue. Il s’agit, dès lors, de proposer ici une comparaison de ses caractéristiques formelles avec l’ensemble de l’œuvre rabelaisienne, en observant le fonctionnement et l’organisation des échanges. Afin de mieux mettre en valeur la spécificité de ce dialogue rabelaisien, l’analyse s’élargit ensuite à des traités – ceux de Carlo Sigonio, du Tasse, de Simon de Vallambert – et à des fictions contemporaines - les Colloques d’Erasme, l’Heptaméron, le Cymbalum Mundi.
-